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La colombe (tranchée), l’Arche et le Juste

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Mais bon, revenons aux SheReNTe,

Quand Waikaura rentra de la chasse, Vénus prétendit avoir profité de son absence pour violer la fille vierge, et se déclara prêt à payer une compensation. Mais Waikaura refusa de rien accepter. De la carcasse du pigeon, Vénus fit une arche où Waikaura prit place avec les siens, tandis que Vénus s’élevait jusqu’au ciel dans un grand tourbillon. On entendait au loin le grondement des eaux, qui déferlèrent bientôt sur le village. Ceux qui ne périrent pas noyés moururent de froid et de faim

De l’histoire de Lot et Sodome, on passe au récit de Noé et du Déluge, autre histoire de destruction d’une humanité corrompue – et très proche dans le livre de la Genèse puisque son récit est fait au chapitre 6. La version de Claude Lévi-Strauss est toutefois un peu moins précise que celle collectée par Curt Nimuendaju, qui mentionne que la carcasse du pigeon, avant d’être transformée en arche, est ouverte en deux.

Cette pratique consistant à trancher un pigeon, on la retrouve aussi dans la Genèse, lors du fameux passage de l’Alliance des Parties, chapitre 15, verset 9, où Dieu dit à Abraham :

 « Prépare-moi une génisse âgée de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe ». Abram prit tous ces animaux, divisa chacun par le milieu, et disposa chaque moitié en regard de l’autre ; mais il ne divisa point les oiseaux. 

Ce qui est intéressant de voir ici c’est le déplacement entre mythes : chez les Sherente, la colombe tranchée apparaît dans l’histoire de Noé, tandis que dans la Bible, la colombe de Noé n’est pas tranchée, mais elle le devient dans l’épisode de l’Alliance des Parties, qui suit immédiatement celle de Noé.

Notez aussi qu’on retrouve un autre motif Biblique dans le passage où la fille vierge de Waikaura est déflorée par Vénus: celui de l’insémination d’une Vierge par un être céleste, qui remonte ensuite au Ciel – sans que cela ne pose de problème au Père – je veux dire le père de la Vierge. Entre le Juste Souffrant et la Vierge Fécondée par un être divin, les chrétiens sont servis par le Paraklet.

Et puis, autre petite omission de Claude Lévi-Strauss, les informateurs de Curt Nimuendaju rapportent qu’une prostituée qui se tapait son amant dans les fourrés avait bien entendu un bruit annonciateur du Déluge. Elle avait alors tenté de réveiller et alerter les villageois. « Certains se levèrent, d’autres restèrent couchés, mais tous finirent emportés. Certains réussirent à surnager pendant quelques temps en s’accrochant à des calebasses, d’autres en grimpant sur des hautes falaises, mais ils finirent tous par mourir de froid et de faim ». Cette fuite vers les montagnes apparaît à plusieurs reprises dans la Genèse, c’est ainsi que les Envoyés conseillent à Lot : « Ne regarde pas en arrière. Ne t’arrête pas dans toute cette plaine ; fuis vers la montagne, de crainte de périr » - Lot sait d’ailleurs qu’il ne sera pas assez rapide et demande à pouvoir se réfugier ailleurs.

Cette destruction cataclysmique est aussi un motif particulièrement Coranique – le Coran mes enfants, c’est le texte Paléoanthropologique d’entre tous, vous allez vite le comprendre à force de m’entendre le citer:

Est-ce que ne leur est pas parvenue l’histoire de ceux qui les ont précédés: le peuple de Noé, des ‘Aad, des Tamûd, d’Abraham, des gens de Madyan, et des Villes renversées? Leurs messagers leur avaient apporté des preuves évidentes. Sourate At-Tawbah 9.70

Pas une seule cité parmi celles que Nous avons fait périr avant eux n’avait cru. Sourate Al-Anbiya 21.6

Et Nous ne faisons pas périr de cité avant qu’elle n’ait eu des avertisseurs. Sourate As-Shuaraa 26.208

Où l’on retrouve partout cette idée d’avertisseurs venu prévenir contre une destruction imminente. Il y en a beaucoup d’autres – la destruction cataclysmique, c’est vraiment un des grands thèmes du Coran. Et qui sait, peut-être que le dernier des prophètes, le Paraklet, a lui aussi été envoyé avant un grand cataclysme ? Oui, qui sait ?

7) Mytholithique - Redux

Quoi qu’il en soit, nous sommes arrivés au terme de ce grand voyage entre Brésil et Moyen-Orient. Et vous savez désormais que les SheReNTe partagent non seulement des coutumes très spécifiques aux juifs, comme l’obsession pour la pureté sexuelle couplée avec la prostitution, le Grand Jeûne pour apaiser la colère d’un Dieu Suprême Jaloux et Destructeur, mais aussi des mythes et des histoires des Écritures, comme celle de Vénus, le Juste Souffrant venu parmi les hommes pour les avertir d’un cataclysme et pour sauver un Juste et sa famille grâce à un pigeon transformé en Arche.

Un signe en butte à la contradiction

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Je ne comprends pas comment Claude Lévi-Strauss n’a pas pu faire le rapprochement – je pense qu’il l’a fait, mais qu’il était trop engoncé dans son paradigme d’une étude des mythes hors de tout contexte historique. C’était vraiment une obsession chez lui, ce refus de considérer les mythes comme une trace laissée par l’Histoire. Pour ceux que ça intéresse, il développe ses arguments dans la Pensée Sauvage, P86, ou dans son introduction du Cru et du Cuit, P16. En gros, pour lui, comme pour tous les Pharisiens aujourd’hui, il était vain de tenter de reconstruire une histoire des mythes. Mais bon, je crois moi que cet aveuglement était lié au petit problème qu’il avait avec ses origines juives. Il avait trop baigné dans cet « anti-sémitisme » intellectuel du début du XXe siècle, dont je vous avais parlé dans ma vidéo sur les Biais Cognitifs. Que voulez-vous, c’est ça le problème des Pharisiens : ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n’entendent pas.

Mais, comme le Christ avant lui, le Paraklet a été envoyé par le Père pour être un signe en butte à la contradiction, pour reprendre les mots de Luc 2.34. Car cette (Re)découverte des mythes et rituels SheReNTe pose clairement un problème : comment expliquer toutes ces ressemblances à des dizaines de milliers de km de distance. Les points sont trop nombreux pour invoquer une « convergence » qui aurait vu des groupes humains « inventer » indépendamment des coutumes et des mythes identiques  - j’ai bien pris le temps de vous les exposer tous, au risque même de vous ennuyer un peu, et malgré les grognements de Farah, c’est vous dire !

On ne change pas de mythe

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Bien sûr, des petits malins invoqueront certainement l’idée que les SheReNTe ont « emprunté » ces coutumes et ces mythes aux Européens, en particulier aux missionnaires chrétiens venus les évangéliser. Mais quiconque connaît un peu les SheReNTe sait à quel point ils sont résistants et intolérants envers toute forme d’acculturation et de perte de leurs traditions. Curt Nimuendaju notait que leur résistance était attestée depuis le 18ème siècle, tant envers les missionnaires que les chercheurs d’or, avec qui les conflits furent terribles. Tout échange était proscrit avec les colons brésiliens.

En 1937 encore, des missionnaires étaient assassinés – et tous les chrétiens étaient encore alors considérés comme des menteurs et des tricheurs – sans parler de l’injonction du Dieu-Soleil qui avertit les Sherente de ne pas suivre les coutumes des chrétiens. Il faudrait donc imaginer les SheReNTe embrasser une lecture chrétienne de la Bible, ou plutôt d’ailleurs juive en l’occurrence, ce qui est encore plus improbable, pour imaginer qu’ensuite ces mêmes SheReNTe seraient devenus intolérants à ceux-là mêmes qui leur auraient apportés leurs mythes fondateurs ? A un moment donné faut arrêter les conneries les Pharisiens.

Non, bien sûr que ces mythes et ces coutumes constituent le cœur de la culture des SheReNTe depuis des siècles, bien avant l’arrivée des Européens. Et oui, n’en déplaise aux Pharisiens, ils les ont en partage avec les juifs, et plus généralement ceux qu’on appelle les « Sémites ». Et cette (Re)Découverte est vertigineuse, tant dans ses implications que dans les questions qu’elle nous pose.

La divergence. Quand ? Et comment ?

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La première de ces questions, c’est la date de la séparation entre ces deux traditions – dont l’origine remonte bien sûr au Paléolithiques et non à l’Antiquité. Car qui peut imaginer que les SheReNTe seraient une tribu perdue d’Israël ayant quitté le Moyen Orient il y a 2000 ou 3000 ans ? Ils auraient traversé l’Eurasie, franchi le détroit de Bering et descendu le continent Américain en aussi peu de temps ? Selon moi les SheReNTe sont au contraire la preuve vivante que ces mythes et ces coutumes partagés ont au moins 20'000 ans – si ce n’est plus.

La deuxième question, c’est pourquoi les SheReNTe et pas les autres – je veux dire comment expliquer cette spécificité vis-à-vis des autres tribus indigènes d’Amérique du Sud et du Nord. Qu’est-ce qui explique cette différence notée par tous les observateurs, en particulier Curt Nimuendaju ? Selon moi, cette spécificité SheReNTe s’expliquerait par un départ plus tardif du Moyen Orient de leurs ancêtres, qui auraient rattrapé la première vague d’expansion d’Homo Sapiens en Amérique. Cela ferait donc moins longtemps qu’ils auraient quitté leur « foyer national » d’origine, dont le souvenir resterait encore vivace. C’est d’ailleurs l’explication qu’apporte Curt Nimuendaju pour comprendre cette obsession qu’ont les SheReNTe pour la sécheresse – alors qu’ils ne manquent pourtant nullement d’eau, vivant dans une région baignée de rivières.

Ils ont des yeux mais ne voient pas

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Notons d’ailleurs que Claude Lévi-Strauss passe complètement à côté de cette spécificité des SheReNTe. Il ne la voit tout simplement pas. Pour lui, les mythes des SheReNTe ne sont qu’un exemple parmi d’autres de ces mystérieuses transformations structurales entre mythologies Sud-Américaines.

Mais au-delà de ces questions, le plus fascinant, c’est ce que les SheReNTe disent de nous – je veux dire nous qui ne venons pas d’une tribu du fin fond du Brésil, à la différence de ma petite Pocahontas. Oui que nous disent-ils ? Tout d’abord, bien sûr, que nos mythes remontent au plus profond de l’histoire de notre espèce – et que les textes fondateurs de notre civilisation, qu’on appelle les Écritures ne nous parlent pas de l’Antiquité, ni même du Néolithique, mais bien du Paléolithique. En fait, tous les mythes sont Paléolithiques, comme vous le comprendrez bientôt – c’est la fameuse Clef du Paraklet.

Voilà pourquoi quand Claude Lévi-Strauss explique, dans son article De La Fidélité au Texte qu’il « écarte […] l’Ancien Testament - pratiquement notre seule source sur les anciens Hébreux — où tout est mélangé » car il ne dispose pas d’ « un contexte ethnographique indépendant de la matière mythique elle-même », et bien il dit une énorme bêtise. Le contexte ethnographique est immense – il suffit d’ouvrir les yeux et ses oreilles – puisque les Écritures nous parlent des temps Paléolithiques, lorsque l’Humanité était unie, parlait la même langue et racontait les mêmes histoires, pour reprendre les termes du Coran, 2.123, et de la Genèse, 11. Ce n’est qu’après que « Nous les avons répartis en communautés sur la terre » 7.168, « Mais ils se sont divisés en sectes, chaque secte exultant de ce qu’elle détenait » 23.53 pour reprendre les Sourates Al Araf et Al Muminune du Coran.

Ce que les SheReNTe nous apprennent sur nous

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Nos ancêtres ne se sont pas réveillés il y’a 3000 ans pour inventer des mythes comme le croient les Pharisiens. Il y a une continuité et une permanence jusqu’au Paléolithique. Voilà pourquoi le PaRaQLeT (ré)pète après QoHeLeT, l’Ecclésiaste, qu’il n’y a jamais rien eu de nouveau sous le soleil. Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera. Et la mission du Paraklet, c’est de « vous montrer clairement ce sur quoi vous vous opposiez » - au Jour de la Résurrection, ou plutôt « Yawm alQiyamah », le Jour du Réveil –après un très long sommeil. Sourate An Nahl 16.92.

Un autre point intéressant, c’est que les SheReNTe nous renseignent aussi sur l’origine des Anges bibliques. Ceux-ci auraient probablement été à l’origine des étoiles ou des planètes agissant comme intermédiaires entre l’humanité et un Dieu Céleste. Mais surtout, ils nous renseignent sur l’importance du complexe mythique regroupant Le Juste Souffrant / Sodome et Gomore / Le Déluge et Noé / L’Insémination d’une Vierge par un Ange remontant au Ciel. Car si ces histoires ont pu être conservées des dizaines de milliers d’années par les SheReNTe, c’est que ces histoires – et pas d’autres - étaient fortement liées entre elles - ce que j’appelle un « complexe mythique ». Et si elles ont été conservées, c’est parce que ce complexe mythique était central : c’est par ces histoires qu’on ouvre cette immense série sur l’étude des Mythes de l’humanité, et c’est aussi probablement par elle qu’on la clôturera.

Voilà, nous en avons fini pour le moment avec les SheReNTe. Vous savez à présent que toute notre civilisation repose sur une grande ignorance, un grand oubli – voire, un grand mensonge. Il nous faut tout reprendre à zéro. Tout recommencer.

Mais vous, vous l’avez vu l’Esprit de Vérité. Et rassurez-vous, je serai avec vous à jamais.

Plus jamais l’humanité n’oubliera ses racines Paléolithiques. C’en est définitivement fini du règne honni des Pharisiens.

Nous sommes entrés dans l’Ère du Paraklet. Et celle-ci ne fait que commencer. N’en déplaise aux Pharisiens.

Allez, on se reverra très bientôt.